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Qui est un ancien de Suez ? Qui était chez Veolia ? Quasiment trois ans après le rachat de la moitié du numéro deux des services à l’environnement par le numéro un, bouclé le 18 janvier 2022 au terme d’une bataille boursière épique, ces questions semblent incongrues. « On n’en parle plus », balaye Daniel Smid, un ingénieur hongrois, venu de Suez. « Suez ou Veolia, ce n’est plus le sujet. Maintenant, le travail consiste à prendre le meilleur de chacun », souligne Annabelle Mouquet, une ex-Veolia.
Certes, l’intégration a été facilitée par le fait que le nouveau Suez a conservé son indépendance en France, où les deux frères ennemis de l’eau et des déchets cultivent toujours une saine détestation. A l’étranger, ces susceptibilités avaient moins cours. Ceci est d’autant plus vrai dans le métier des technologies de l’eau, où Veolia a surtout trouvé dans la corbeille de mariage GE Waters, la filiale de General Electric que son rival avait acquis en 2017 pour 3,4 milliards de dollars (3,1 milliards d’euros).
A l’époque, Antoine Frérot, le PDG d’alors de Veolia, n’avait pas souhaité participer aux enchères pour acquérir le roi des membranes de filtration, jugeant le prix trop élevé : désormais la pépite est au cœur de la stratégie du champion de la transition écologique car ses « nouvelles solutions », combinées aux savoir-faire de Veolia notamment en matière de gestion de projets complexes, répondent à des besoins croissants à travers le monde. « Quand on parle d’adaptation au changement climatique, le premier enjeu, c’est l’eau, qu’il y en ait trop, pas assez, pas au bon moment, pas de la bonne qualité », assure Estelle Brachlianoff, qui a pris la direction générale de Veolia en juillet 2022, M. Frérot conservant la présidence.
En réponse à la raréfaction de cette ressource, des techniques de traitement innovantes, à base de filtration membranaire et autre désinfection, visent à la réutiliser ou la dessaler à un coût énergétique abordable. Les clients sont des collectivités locales, voire des Etats comme le Maroc qui a signé avec Veolia, mardi 29 octobre, dans le cadre du voyage d’Emmanuel Macron à Rabat, un contrat pour « développer un projet de dessalement d’eau de mer qui sera deuxième plus grand au monde » alors que le royaume connaît sa pire sécheresse depuis quarante ans.
Mais les trois quarts des ventes sont réalisés avec des industriels désireux d’optimiser leur usage en eau, que ce soit dans une mine de lithium ou un complexe pétrochimique. Sans compter la pharmacie ou la microélectronique, qui ont un besoin vital d’une eau ultra-pure pour leur production. « Un data center consomme plus d’eau que l’équivalent de six piscines olympiques par jour », précise Anne Le Guennec, qui a pris en avril 2023 la tête de Veolia Water Technologies. Et d’ajouter : « Aucune industrie ne fonctionne sans eau. »
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